mardi 15 mars 2011

Le maire et sa conjointe - la suite au conseil municipal

Dans la Tribune, j'ai soulevé il y a peu la question à savoir s'il était éthique que la conjointe du maire soit nommée sur deux des CA d'importance reliés à la ville de Sherbrooke. Cette façon de faire m'apparaissait comme une tentative pour le maire d'étendre les tentacules de son pouvoir, ce qu'il reprochait au maire Perrault de faire avant de le remplacer.

La réaction de la Tribune à cet article est arrivée via la publication, sous la plume de Luc Larochelle, d'un article romantico-promotionnel sur la belle, la question de fond étant évitée.

Hier à l'assemblée municipale, un citoyen est venu faire lecture de la lettre suivante, puisque la Tribune avait refusé de la publier.

La politique est une affaire de perception

Si certains doutaient encore de l’adage qui veut la plume plus forte que l’épée, Mme Hélène Dauphinais, dans son texte intitulé : Se garder une petite gêne, vient très certainement de les confondre. Mercredi dernier, afin de répondre aux accusations de favoritisme avancées prudemment par Mme Dauphinais, Mme Bibeau, actuellement la compagne du maire M. Sévigny, nous exposait l’étendue de ses compétences ainsi que sa longue expérience en matière d’administration. Loin de moi l’idée de contester les grandes compétences de Mme Bibeau, mais tout comme son compagnon, elle n’a pas encore compris qu’en politique, seule la perception compte. La vérité, ce sont les historiens qui la dévoileront.

En cela, si l’entrevue de Mme Bibeau accordée à M. Larochelle nous présente une personne franche qui fait preuve de beaucoup de candeur dans ses propos, elle ne peut dissimuler sa grande naïveté en matière politique et surtout, son inexpérience manifeste pour communiquer dans ce domaine. À l’évidence, cette dernière n’a pas compris qu’en situation de pouvoir, les hommes et les femmes sont toujours en représentation. Ainsi, les politiciens et les politiciennes d’aujourd’hui, tout comme les souverains d’Ancien régime, se doivent d’être irréprochables aux yeux de leurs sujets. C’est là le prix à payer pour exercer ce que Louis XIV appelait : « le dur métier de roi. » On ne peut comparer le premier couple de Sherbrooke avec celui formé jadis par Louis XIV et la marquise de Montespan, mais tant que nos deux beaux tourtereaux jouent sur la scène publique et surtout, qu’ils dépendent des contribuables, ils se doivent d’être au-delà de tout soupçon.

En somme, si le pouvoir apporte des avantages certains sur plusieurs plans, tant pour eux-mêmes que pour ceux qui les entourent, les hommes et les femmes qui l’exercent prennent rapidement conscience qu’il comprend son lot de contraintes. À cet effet, la lettre de Mme Dauphinais constitue un dur rappel à la réalité.

Pascal Cyr Ph.D

Les conseillers ont certes bien mal réagi à la lecture de cette lettre. Ceux qui ont appuyé la nomination de la conjointe du maire, Marie-Claude Bibeau, se sentaient particulièrement visés. Ils ont insisté sur le fait que cette dernière ne recevait aucune rémunération pour ces deux implications. Comme si le fait de ne pas être rémunéré permettait toute les dérives. La conseillère Bergeron a même dit trouver méprisant de seulement poser la question. Le conseiller Paquin, lui-même en position inconfortable car il est le conjoint d'Isabelle Sauvé, greffière de la ville (qui siège juste à côté de son conjoint au conseil municipal), a trouvé comme argument principal que le fait de sortir avec le maire ne lui enlevait pas ses compétences. Mais là n'est pas la question, nous le savons tous. Et on pourrait ajouter, pour la gouverne de Mme Bergeron, que ce qui est méprisant, c'est de penser que dans une ville de 140 000 habitants il y ait si peu de gens compétents qu'on doive piger dans l'entourage rapproché du maire.

Je reviens à M. Cyr, qui, avant de lire sa lettre, s'est interrogé sur le fait que la Tribune n'ait pas obligé Mme Bibeau à me répondre par une lettre d'opinion plutôt que de lui offrir la visibilité de la chronique d'un de ses journalistes phare. Selon M. Cyr, il y avait là un traitement inéquitable des acteurs en jeu.

Il est facile de parler publiquement des sujets qui font l'unanimité. Il faut cependant beaucoup de courage pour oser porter sur la place publique les sujets qui sont beaucoup moins glorieux, mais tout aussi importants. On ne le fait jamais de gaiété de coeur, quoiqu'en pense certains, car on sait qu'on n'y gagnera rien personnellement, alors qu'on se fera des ennemis de façon certaine. Et dans un milieu tricoté serré comme à Sherbrooke, les conséquences sont importantes et non négligeables. Mais quand on croit en la démocratie, on tient à la protéger, quoiqu'il nous en coûte. Il serait important que ce courage soit reconnu par les médias et qu'on fasse preuve de neutralité et d'équité.

En tous cas, un gros merci à M. Cyr et à tous les citoyens qui m'ont dit être choqués par les révélations contenues dans mon article. Vous me motivez à poursuivre.


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