lundi 21 novembre 2011

Fonds de pension : ce dont on ne parle pas

Fonds de pension : ce dont on ne discute pas

La Tribune nous apprenait dernièrement que le déficit du fonds de retraite des employés municipaux (fonctionnaires et policiers) atteint maintenant 80 millions de dollars. On nous dit de plus que l'évaluation du déficit a été faite avant la dernière baisse des marchés boursiers. Ainsi, le déficit réel serait supérieur à ce montant important.

La progression du déficit a été fulgurante. Lors de la compagne électorale de 2009, le déficit était estimé à 40 millions de dollars. S'il est rendu à 80 millions deux ans plus tard, ce n'est pas parce que la Ville a laissé le déficit se creuser. Non, au cours des dernières années, la Ville a déposé de 4 à 5 millions de notre argent chaque année dans le fonds de pension. Malgré cela, le déficit s'est accru. Cette année et l'an prochain, la Ville devra prendre tout près de 9 millions de dollars de nos taxes et l'envoyer chaque année dans ce gouffre qui semble sans fond.

Cette situation navrante, même si elle touche la plupart des fonds de retraite à prestations déterminées, suscite des questions auxquelles les élus devraient répondre.

Premièrement, qui sont les gestionnaires du fonds? Quelle a été leur performance en termes de placement par rapport aux indices boursiers et autres indicateurs pertinents?

Deuxièmement, quelle est la partie du déficit qui est attribuable à la baisse des marchés financiers et quelle est celle qui est attribuable à la fusion municipale? Quand les villes se sont volontairement fusionnées dans la région, les conventions collectives qui ont été renégociées tout de suite après ont fait en sorte que tous les employés municipaux des anciennes banlieues se sont trouvés à bénéficier des mêmes conditions (plus avantageuses il va sans dire) que les employés de l'ancienne ville de Sherbrooke. On n’a sûrement pas demandé aux employés des banlieues de faire des contributions rétroactives additionnelles pour compenser leurs contributions passées qui étaient trop faibles par rapport à leur nouvelle situation (salaire plus élevé, régime plus généreux, etc.) et à l'accroissement des bénéfices qu'ils tireront de leur nouveau régime de retraite.

Enfin, pourquoi le premier chantier mis en branle par le maire Sévigny n'a-t-il pas porté sur le déficit du fonds de pension? Cette situation draine des sommes importantes sans donner de bénéfices additionnels aux citoyens. Il m’apparaît logique de s'attaquer en premier lieu aux problèmes qui donneraient des marges de manœuvre intéressantes une fois réglés, ou qui plombent considérablement notre situation financière. Le déficit du fonds de pension remplit ces deux critères.

Bien sûr, c’est la loi qui décide quel montant la Ville doit injecter dans le fonds de pension. Par contre, c’est à nos élus qu’il revient d’élaborer rapidement une stratégie pour venir à bout de cette situation avec le moins d’impacts négatifs possible et mettre fin au pelletage par en avant.

Hélène Dauphinais, économiste, Sherbrooke