samedi 10 décembre 2011

Serait-ce les râleurs qui ont raison ?

Le maire de Sherbrooke nous apprenait récemment que les revenus du Centre de foires avaient été fortement surestimés par les promoteurs du projet.  

Cette admission a créé chez moi un sentiment de malaise récurrent car, en matière de finances municipales, il semble toujours exister un écart énorme entre les projections présentées lors de l’acceptation d’un projet et les résultats obtenus après son implantation. Nos élus n’apprennent pas d’une fois à l’autre? Est-ce que pour accepter un projet il faudrait l’analyser en retranchant 30 % ou 50 % des recettes prévues par les porteurs du dossier ou les consultants impliqués? Est-ce que les conseillers ont les connaissances et le sens critique nécessaires pour évaluer la qualité des projets qui leurs sont soumis? Si oui, l’expérience nous porte à conclure que les élus ne seraient pas là pour gérer sainement les finances municipales, mais pour faire des legs aux citoyens : de beaux jouets (qu’ils ne veulent pas toujours), assortis d’une grosse dette qui devra bien se payer un jour.

Une chose est certaine : la Ville devrait se donner comme ligne de conduite de ne plus faire appel pour une période d’au moins cinq ans aux consultants qui ont présenté des études préliminaires aussi éloignées de la réalité. On obtiendrait ainsi un peu plus de réalisme.

Ce qui me dérange aussi, dans ce dossier, c’est que le maire reporte la faute uniquement sur les porteurs du dossier, qui auraient été beaucoup trop optimistes dans leurs prévisions selon lui. Ce faisant, notre maire se distancie un peu trop de cette mauvaise estimation financière. Pourtant, en tant qu’élu en poste depuis longtemps, il porte une part de responsabilité dans ce dossier, ce qu’il veut faire oublier à la population. A-t-on entendu M. Sévigny contester les projections financières qui lui ont été présentées en 2008, lui qui possède une formation qui lui assure un regard avisé sur ce genre de dossier? Quand le conseiller Rouleau s’oppose à un projet, on l’entend. L’opposition de M. Sévigny, qui provient du milieu des média et en connait le fonctionnement, ne se serait pas rendue à nos oreilles?

Finalement, l’expérience montre qu’en matière de choix municipaux, ce sont les râleurs qui ont raison. Comme prévu par ces derniers, malgré des investissements publics massifs, la Cité des rivières n’a pas su attirer les touristes. On n’y rencontre que la population locale. De même, rien ne justifiait la vente à rabais du terrain le mieux localisé à Sherbrooke pour attirer un hôtel soi-disant indispensable à la venue de grands événements et de touristes. Les hauts taux d’inoccupation dans le domaine hôtelier montrent que les détracteurs avaient raison, encore une fois. Omaterra se passe de commentaire tellement la fin était prévisible. Et maintenant, le Centre de foires qui sera difficile à autofinancer sur une base annuelle, cela sans tenir compte du remboursement de la dette de neuf millions de dollars associée à la construction et des intérêts sur celle-ci. Au départ, le Centre devait générer un retour sur l’investissement. On en rirait si ce n’était pas si triste et répétitif. 

Le prochain budget s’en vient et la Ville, malgré son endettement important, présentera encore des projets pour faire rêver les citoyens. Espérons que cette fois-ci, on écoutera les râleurs qui, vous l’aurez compris, sont beaucoup plus rationnels que la plupart des élus.