Afin
de respecter leur engagement électoral, le maire Sévigny et son parti ont
déposé au Conseil municipal une proposition visant à réformer la gouvernance municipale.
Permettant d’économiser annuellement près
de 2 millions de dollars, cette réforme prévoyait de « centraliser »
la gestion des Loisirs et des Parcs et de réduire le nombre d’élus et
d’arrondissements.
Le
volet touchant la réduction du nombre d’élus permettait à lui seul des
économies de 650 000 $ par an. Il prévoyait l’abolition de sept postes de
conseillers municipaux, deux postes de conseillers d’arrondissement et trois
arrondissements. Les arrondissements touchés étaient celui de Bromptonville,
qui disparaissait pour se fusionner avec celui de Fleurimont, et ceux du
Mont-Bellevue et de Jacques-Cartier, qui étaient abolis pour ensuite être
fusionnés ensemble.
Après
le dépôt de la proposition du maire et de son parti, d’autres propositions
visant l’organisation de la gouvernance ont été déposées, par des conseillers,
des groupes de conseillers, des citoyens ou des groupes de citoyens.
Pour
ma part, j’ai écouté et pris connaissance de chacune de ces propositions avant
de me présenter au lac à l’épaule de samedi. Je n’ai adhéré à aucune en
particulier. J’ai plutôt réfléchi à ce que devrait contenir une proposition
pour qu’elle soit fonctionnelle, équitable et acceptable aux yeux des citoyens
et aux miens.
Après
plusieurs heures de discussion, quelqu’un a proposé de réunir les
arrondissements de Bromptonville et de Rock Forest-St-Élie-Deauville (RFSD). Les
élus de Bromptonville ayant proposé une fusion avec le territoire de St-Élie,
l’idée de les fusionner à RFSD a donc semblé plus naturelle que d’aller vers
Fleurimont. Cela permettait aussi de ne pas briser un arrondissement qui
fonctionne bien (RFSD), alors qu’en 2002 on trouvait risqué de fusionner des
territoires aussi dissemblables à prime abord. Les conseillers de Deauville et
St-Élie ont souvent témoigné de la cohabitation harmonieuse dans leur
arrondissement, et cela malgré les appréhensions de départ.
Cette
suggestion inédite fut à mon avis le point tournant de la négociation, d’autant
plus que le maire avait annoncé plus tôt être prêt à ajouter deux conseillers
municipaux, à revoir le mandat du Comité consultatif agricole et à implanter
pour les loisirs et les parcs, une centralisation des services jumelées à des
contrats de performance, une approche de la délégation des pouvoirs qui se
rapproche de celle proposée par le groupe des élus concertés (Bergeron, Dionne,
Gélinas, Price, Charron, Boulanger, Godbout, L’Espérance, et Tardif).
Le
maire avait auparavant accordé à Bromptonville le respect de l’intégrité de son
territoire en devenant un district. Un conseiller municipal serait donc toujours
entièrement dédié à cette seule population, alors qu’ailleurs les citoyens
seraient environ deux fois plus nombreux à relever d’un conseiller. Très
important aussi, le maire et son parti garantissaient à Bromptonville le
passage complet des enveloppes de l’arrondissement vers le district. C’est là
une garantie qui vaut cher pour les citoyens de Bromptonville et qui n’étaient
pas assurée avec la proposition des élus concertés. C’est là un gain de
taille. Enfin, un Comité consultatif
sera mis en place dans le district de Bromptonville, qui conservera également
sa société de développement économique.
Les
élus de Bromptonville sont loin de repartir les mains vides. Les gains sont
importants. Ils doivent être appréciés à leur juste valeur, en tenant compte
aussi du fait que tout le monde n’a pas obtenu son premier choix. Le parti a
fait des compromis en ajoutant deux conseillers municipaux entre autres. Les
citoyens de Mont-Bellevue et de Jacques-Cartier vivront une fusion et une
réduction du nombre de leurs élus. La voix des citoyens des grands
arrondissements continuera d’avoir un poids moindre que celle des citoyens de
Lennoxville et du futur district de Bromptonville. Chacun a laissé des choses
sur la table pour faire en sorte de livrer les économies réclamées par les
citoyens.
À
ceux qui nous reprocherons d’avoir conservé 14 élus au lieu de 12, je dirai que
pour arriver à un compromis qui permet à chacun de sortir la tête haute de la
salle du Conseil, ce n’est pas cher payé. N’oublions pas aussi que ça
correspond à une réduction de la main d’œuvre de 26 %. Nous devions donner l’exemple,
nous l’avons très bien donné.
Maintenant,
il restera à attacher les dernières ficelles et à faire en sorte que les
économies annuelles soient appliquées à la réduction de la dette ou à la
réfection des routes si l’on veut que l’exercice ait un sens à long terme. Nous
sommes plusieurs conseillers à vouloir travailler en ce sens, et à vouloir
également revoir certaines primes à la baisse, ce qui permettrait des économies
additionnelles pour le citoyen.
Le
lac à l’épaule tenu à l’hôtel de ville samedi a permis d’arriver à un large consensus
sur la réforme de la gouvernance. Bien que non unanime, le vote a été largement
majoritaire. Il n’est pas impossible non plus que d’autres élus se rallient
après mûres réflexions.
Le lac à l’épaule fut donc utile pour trouver
une solution supérieure à celle proposée par le maire et son parti. Les dés
n’étaient pas pipés d’avance puisque nous sommes arrivés à une proposition dont
certains aspects étaient inédits. Tous ceux qui ont voté en faveur de la
proposition finale ont fait preuve d’ouverture et ont accepté de laisser sur la
table des choses qui leurs tenaient à cœur, sachant que dans l’ensemble c’est
un choix responsable qui va dans la bonne direction.