mercredi 16 mai 2012

Mettre ses énergies sur l'enseignement et non le béton

Au cours des derniers mois, dans le cadre du débat sur la hausse des frais de scolarité, les universités se sont fait reprocher de trop investir dans l’immobilier, et pas assez dans des domaines qui augmentent directement la qualité de l’enseignement.

Étant donné que cet argument a été présenté sur plusieurs tribunes, je suis surprise de constater que personne ne semble remettre en cause la décision du Cégep de Sherbrooke de faire l’acquisition de l’ancienne église Notre-Dame-de-l’Assomption pour la transformer en coopérative d’habitation. Pourtant, on peut se demander quel but poursuit le cégep avec ce projet. Est-ce que les ressources et les énergies déployées ne seraient pas mieux investies ailleurs? On se rappellera qu’un premier montant de 20 000 $ a été autorisé pour procéder à l’analyse de faisabilité.

On ne peut pas dire qu’il y a pénurie de logements locatifs à Sherbrooke. La dernière enquête de la Société canadienne d’hypothèques et de logement révèle que 4,7 % des logements étaient inoccupés en octobre 2011, ce qui représentait un peu plus de 1 500 appartements en attente d’un locataire. On considère qu’un marché est équilibré s’il présente un taux d’inoccupation de 3 %. Les zones à proximité du Cégep, soient l’Est, le Centre et le Nord, affichaient des taux d’inoccupation variant entre 4,8 % et 6 %. Il y a donc plusieurs logements de disponibles dans les environs du cégep.

À ceux-ci s’ajoutent les chambres pour étudiants qui ne font pas partie de cette enquête. Depuis l’instauration de la passe d’autobus gratuite pour les étudiants, les pancartes de chambres à louer inoccupées semblent plus nombreuses dans les rues avoisinant le cégep.

Dans la future coopérative d’habitation, le loyer pour une chambre sera de 350 $ par mois. Bien qu’on parle ici de chambres meublées avec services, on ne peut pas dire que ce projet visera à fournir des logements plus abordables que ce qu’il y a sur le marché. À Sherbrooke, le loyer moyen pour un appartement de deux chambres est de 577 $ par mois. Si deux étudiants se partagent un tel logement, leur loyer équivaudra à ce que la coopérative offrira. Si trois étudiants décident de se partager un logement de trois chambres, dont le prix moyen est de 702 $, le marché privé sera plus abordable que la coopérative, sans compter que l’Est et le Centre présentent généralement des loyers inférieurs à la moyenne.

La coopérative ne sera pas située directement sur le campus du cégep. Les étudiants auront à franchir entre 750 mètres et un kilomètre pour rejoindre leur pavillon. Il ne peut donc pas s’agir d’accroître le sentiment d’appartenance.

Est-ce que ces logements seront destinés à des étudiants présentant des difficultés académiques à qui on offrirait des services d’études spécialisés? Il n’en est fait mention nulle part.

Il est donc légitime de se demander pourquoi le cégep veut se substituer au marché privé alors que celui-ci joue déjà bien son rôle. Le cégep n’aurait-il pas intérêt à se concentrer sur son mandat principal puisqu’il n’y a pas de réelle problématique que ce projet règlera en matière de logement pour les étudiants?

2 commentaires:

  1. Ah bon... C'était pas supposé être des salles de classe?

    Thierry

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    1. Nous, on prévoit y faire 123 chambres réparties dans 34 appartements de 3 à 5 chambres.

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