mercredi 9 février 2011

Se garder une petite gêne

Certains élus municipaux auraient souhaité que les nominations au CA de Destination Sherbrooke se fassent par appel public plutôt que par nomination.  C’est bien sûr ce que devrait viser la ville de Sherbrooke pour amener du sang neuf et des points de vue nouveaux au sein de ses organismes décisionnels.
Je suis surprise cependant qu’aucun commentaire n’ait été fait concernant la nomination de la conjointe du maire, Mme Marie-Claude Bibeau, à un deuxième CA d'importance depuis quelques mois. Mme Bibeau siègera au CA de Destination Sherbrooke alors qu’elle fait déjà partie du CA de Sherbrooke Innopole. Je ne connais pas cette personne et ne puis donc juger de ses habiletés ou compétences. Cependant, comme ces deux organismes jouent un rôle clé dans la stratégie de développement de Sherbrooke, je ne peux m’empêcher de penser que la présence de Mme Bibeau sur ces deux CA n’est qu’une extension de la main mise du maire sur ces organismes. Une façon d’asseoir son pouvoir, de l’étendre.
Le fait que le maire se retire toujours lors des nominations qui concernent sa conjointe ne règle  pas la question du conflit d’intérêt selon moi. En la matière, l’apparence de conflit d’intérêt a souvent autant de poids que la présence réelle d’un tel conflit. Aussi, il me semble que le maire et sa conjointe pourraient se garder une petite gêne et éviter ce genre de rapprochement qui m’apparaît inapproprié. Il y a sûrement plein d’autres CA à Sherbrooke où Mme Bibeau pourrait utiliser ses compétences sans être directement dans le champ d’influence de son conjoint. De la même façon, il doit y avoir suffisamment de talents à Sherbrooke pour qu’on ne soit pas limité à piger dans l’entourage rapproché du maire ou des conseillers.
Quand Bernard Sévigny a fondé le Renouveau sherbrookois, c'était entre autres pour faire contrepoids à un maire (Perreault) qui possédait un pouvoir trop étendu au niveau municipal. "En plaçant" sa conjointe sur des CA aussi stratégiques, M. Sévigny réinvente le genre.
Bien sûr, puisque la ville de Sherbrooke tolère que la greffière et le conseiller municipal président du Comité exécutif de la Ville soient des conjoints, cela en dit long sur l’importance accordée aux conflits d’intérêt, ou apparence de conflits d’intérêt, dans l’appareil municipal.  Il me semble que la division entre le côté légal et le côté politique de la Ville devrait être claire et précise. Que le conjoint de la greffière soit conseiller municipal est une chose. Qu’il soit le président du Comité exécutif, donc le leader des conseillers, en est une autre. Encore une fois, je ne remets pas en cause la compétence des gens en question. Seulement, je ne souscris pas à l’idée qu’il existe une seule personne compétente pour remplir une fonction. Pas dans une grande ville.
Je ne suis pas originaire de Sherbrooke. Aussi, je n'aperçois sans doute que la pointe de l'iceberg des réseaux d'influence dans l'appareil municipal et ses organismes associés. Si c'est le cas, c'est peut-être une bonne chose que Sherbrooke se dote d'un ombudsman ?
Cette semaine, le promoteur Robert Côté, déçu du rejet de son projet de tour d’habitation de 17 étages avec restaurant tournant au sommet, concluait que « Sherbrooke est un village ». Quand on regarde les jeux d’influence à Sherbrooke, c’est ce que l’on est porté à conclure : on se dit une grande ville, mais on agit avec une mentalité de village.

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